Des produits laitiers non certifiés en circulation au Cameroun

Les aliments lactés vendus sur le marché ne sont pas reconnus par l’Anor.

Agriculture: la tomate en conserve, chasse gardée de l’importation au Cameroun

Depuis la fermeture de la Société des conserveries alimentaires du Noun, le Cameroun est dépendant de l’importation. Pourtant le pays dispose d’un potentiel de production de tomate qui n’est pas exploité.

Collecte de déchets plastiques: entre désir de conformité et obstacles au processus

Plusieurs acteurs de la gestion des déchets au Cameroun ont encore du mal à s’acquitter du permis environnemental de plus de 10 millions de FCFA exigé par le gouvernement pour exercer cette activité.

Découverte: trois étudiants inventent la machine à éplucher les pommes

Ils envisagent mettre en place un modèle destiné aux ménages.

Hydrocarbures : Les vraies raisons de l’augmentation des prix au Cameroun

La production de la Sonara est devenue insuffisante pour satisfaire la demande nationale, et l’entreprise ne dispose plus d’une trésorerie solide.

4 mars 2015

Consommation: 300 000 débits de boisson ouverts au Cameroun


Le syndicat des exploitants de débits de boisson indique que le nombre pourrait être plus croissant sans la pression fiscale subie par les acteurs du secteur.

Les débits de boissons ne cessent de foisonner et le nombre recensé au Cameroun est plutôt révélateur. Actuellement, l’on dénombre au total 300 000 débits de boissons ouverts sur toute l’étendue du Cameroun, apprend-on auprès du Syndicat des exploitants des débits de boisson (Synedeboc). Et parmi ces établissements, la région du Littoral a elle seule enregistre jusqu’à 40 000. Dans la ville de Yaoundé, c’est près de 10 000 bars qui sont recensés.

Toutefois, l’on constate que le nombre de ces débits de boisson est de loin supérieur aux 94 000 entreprises recensées au Cameroun, selon les dernières statistiques de l’Institut nationale de la statistique (INS). Soit trois fois plus supérieurs au nombre d’entreprises ouvertes au Cameroun. 

crédit photo @journalducameroun.com


Fiscalité

Par ailleurs, l’on apprend que le nombre des débits de boissons aurait pu dépasser les 300 000 déjà recensés, au cas où l’on n’enregistrait pas au quotidien des fermetures. Car, explique le président régional du Synedeboc, Hervé Nana, plusieurs propriétaires de bars sont aujourd’hui obligés de vendre leur fonds de commerce. Ceux-ci, étant confrontés à une forte pression fiscale. «Depuis août 2014, nos membres sont contraints par les agents de payer 100 000 FCFA en terme de taxe sur l’environnement. Ce montant est exorbitant pour la très grande majorité de nos débits de boisson qui n’ont même pas plus de 20 000 FCFA de fonds de roulement », souligne Hervé Nana. 


 620  millions de litres de bière
  
A en croire ce dernier, plusieurs exploitants de débits de boisson sous l’effet de la pression fiscale ont même décidé de jouer à « cache-cache » avec l’administration fiscale. Ainsi, apprend-on, une bonne partie des propriétaires des débits de boisson ouvrent leur structure à partir du mois d’octobre et novembre, parce qu’ils attendent les périodes de croissance qui sont le mois de décembre et les trois premier mois du début d’année. Et, dès que le 08 mars passe, tous les bars commencent à refermer à cause des pressions fiscales qui se font ressentir, apprend-on.
 Mais, il faut relever que certains de ces débits de boisson sont situés près des hôpitaux, écoles. Ceci, en marge de la réglementation. A Douala, la campagne de lutte contre ces débits, est aux oubliettes, pour le grand bonheur des populations dont la consommation d’alcool ne cesse de croitre. En 2013, les 300 000 débits de boissons ont contribué à la consommation de 620  millions de litres de bière au Cameroun, selon les statistiques des sociétés brassicoles.

Jean Beaudry Manguele : « Il faut expliquer concrètement à quoi va servir l’argent de la dette »




L’expert financier analyse les stratégies d’endettement engagée par le Cameroun et donne les pistes pour utiliser l’argent de la dette à bon escient.


Depuis quelques semaines, des décrets du président de la République autorisant des endettements se multiplient. L’un des plus récents est celui autorisant le gouvernement à emprunter 750 milliards de FCFA sur les marchés internationaux en vue du financement partiel du plan triennal de la Sonara et des projets de développement. Selon vous, cet endettement est-il susceptible de transformer notre économie et de créer des emplois ?

Si les endettements réalisés par le Cameroun sont utilisés à bon escient, ils sont susceptibles de créer de la croissance et de permettre que l’on rembourse normalement. Mais, si ces endettements sont entachés de détournements comme cela a été le cas pour plusieurs crédits, le pays s’expose à des situations irréversibles. C’est pourquoi je crains que l’endettement devienne excessif et que l’on revienne aux années avant l’ajustement structurel. Donc, le Cameroun à des possibilités de faire des investissements, cela serait une bonne chose car cela créera des emplois. Donc, si l’argent est utilisé à bon escient, il y a aura la création de l’emploi.

Dans la loi de finances 2015, l’on observe une certaine pression fiscale, notamment avec l’augmentation de certaines taxes. Cette pression fiscale peut-elle être une solution pour rembourser ces dettes ?

Un Etat ne peut rembourser ces dettes que par le biais de ces recettes fiscales. En réalité quand on fait la pression fiscale, c’est juste pour satisfaire les besoins intérieurs et par la suite, le service de la dette. Cette pression semble être forte, car une bonne partie de l’économie est dans l’informel. Par conséquent, le peu qui est dans le formel ne peut que subir la pression fiscale. Mais, si on avait fait l’effort de sortir les entreprises de l’informel, cette pression serait moindre. Bref, le remboursement de la dette ne va être fait que par les contribuables. Ils sont sujets et en même temps victimes. En réalité, quand le Cameroun s’endette, il endette les générations futures. Celles-ci devront se sevrer d’un certain nombre d’investissements pour payer toutes les dettes contractées à l’époque qui les a précédées.

            
"le Cameroun s’endette, il endette les générations futures. Celles-ci devront se sevrer d’un certain nombre d’investissements pour payer toutes les dettes contractées à l’époque qui les a précédées"

Au regard de la nouvelle ordonnance d’endettement instruite par le gouvernement, le Cameroun se trouve en train de fusionner le plan d’urgence au budget, n’assistons- nous pas à une cacophonie ?

Je constate d’abord que le plan d’urgence, vient biaiser le document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE). En réalité, on ne sait plus  ce qui est prioritaire. Quand il y a un plan d’urgence, cela veut dire que le Cameroun est dans une situation d’urgence.  C’est  donc à se demander, si quand on élaborait le DSCE on n’était pas dans l’urgence. Il y a vraiment un embrouillamini dans toutes ces stratégies d’endettement et économiques prises par le gouvernement. On ne comprend pas par où va passer cet argent qui sera levé. Il faut que le gouvernement explique aux Camerounais ce qu’il va concrètement réaliser, les projets qui seront réalisés. En plus, pour le plan triennal de 900 milliards, les banques ont seulement donné leur mot. Ce financement promis, n’est pas encore acquis. Il ne suffit pas d’un décret présidentiel pour que les gens soient convaincus de la faisabilité de la chose pour débloquer de l’argent. Encore que cela ne reste que des suppositions.

"Il y a vraiment un embrouillamini dans toutes ces stratégies d’endettement et économiques prises par le gouvernement. On ne comprend pas par où va passer cet argent qui sera levé. Il faut que le gouvernement explique aux Camerounais ce qu’il va concrètement réaliser, les projets qui seront réalisés" 

Le Cameroun lance depuis 2010 des emprunts obligataires, au regard du niveau de chômage, pensez-vous que ces endettements ont amélioré l’emploi au Cameroun ?

Il existe nettement un flou. Car, en réalité on lève de l’argent, mais au niveau de l’emploi cela ne se manifeste pas. On se demande si finalement c’est du blanchiment d’argent ? Puisque, au stade où nous en sommes, il n’y a aucun indice qui prouve que ces emprunts obligataires ont permis de créer des emplois. On est arrivé à un stade au Cameroun, où on crée de l’endettement à tout va. Si on s’endette pour des projets viables, et dont l’intérêt se manifeste dans la société, cela peut créer des emplois et susciter la croissance. Et par ricochet, nous permettre de rembourser nos dettes.

Propos recueillis Christelle Kouétcha
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Finance: Ces facteurs qui pourraient contrarier les emprunts internationaux du Cameroun



La corruption, le sous-emploi, la guerre contre Boko Haram sont entre autres éléments qui peuvent limiter les chances des premiers "eurobonds" (emprunts obligataires émis en Europe) du Cameroun.



Le mardi 10 février dernier, le président de la République a signé une lettre de mandat, instruisant le ministre des Finances à mobiliser 750 milliards de FCFA, sur le marché financier international. Cependant, pour certains économistes plusieurs signaux sont défavorables pour encourager les investisseurs à souscrire à cette émission internationale. Jean Beaudry Manguele, expert financier et spécialiste des marchés de titres, explique que l’un des risques pays, qui peut contribuer à l’échec de l’endettement du Cameroun sur le marché des titres, est sans aucun doute le niveau de corruption observé dans les ministères. L’expert, relève que les investisseurs des marchés internationaux auront du mal à faire confiance au Cameroun « si les ministres qui sont censés utiliser l’emprunt sollicité à l’international sont pour la plupart accusés de détournement ».

Alors, le maintien de ces derniers au sein du gouvernement, constitue sans aucun doute, un signal « négatif » pour les emprunteurs. « Les marchés internationaux, contrairement à nos marchés nationaux et régionaux, sont très alertes par rapport à ce genre de signaux. Il faut assainir les finances publiques et poursuivre l’opération Epervier si l’on veut vraiment attirer les investisseurs », soutient Maurice Kamgaing, expert financier.

Chômage 

A côté de cette corruption, les experts dans le domaine du marché financier estiment que le niveau du chômage et du sous-emploi observé au Cameroun ne fait pas bonne presse pour les investisseurs. Selon les statistiques de l’Institut national de la statistique, le taux de chômage au Cameroun se situe à 13%, et celui du sous-emploi à 78,5 %.  Des chiffres plus élevés que ceux du Sénégal (12,2 % pour le chômage et 30% pour le sous-emploi) qui a réussi à lever sur le marché international des « eurobonds » de 250 milliards de FCFA en 2014.

Bien plus, dans son discours à la jeunesse le 11 février dernier, le président de la République, Paul Biya, a formellement reconnu que la jeunesse formée dans les écoles au Cameroun n’est pas outillée. « Un pays s’endette pour que les générations futures s’occupent des remboursements. Et, maintenant que nos générations futures ne sont pas  bien formées ni techniquement outillées, comment voulez-vous qu’ils travaillent efficacement pour assurer le remboursement des dettes contractées ? Les investisseurs se demandent toujours si le pays emprunteur possède une population qui peut travailler efficacement pour le rembourser », explique Jacques Epée, expert financier.

Risque politique  

Dans une des publications sur sa page Facebook, l’économiste et ancien cadre du Fonds monétaire international, Eugène Nyambal, estime en outre que dans le contexte actuel de guerre contre Boko haram et la baisse des recettes de l’Etat, le niveau de risque du Cameroun ne lui permet pas d’emprunter sur les marchés internationaux à des conditions favorables. Et en plus, estime l’économiste et homme politique, Franck Essi, les « eurobonds » du Cameroun sont menacés par le risque politique. Ceci, notamment par « l’incertitude sur la succession du président Paul Biya du fait de son âge et des conséquences  néfastes que pourraient entrainer sa disparition compte tenu des fragiles équilibres ethniques et des tensions qui resurgissent à la faveur de ce conflit contre Boko Haram », analyse-t-il.

Christelle Kouétcha